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19 novembre 2021

Plus rien ne t’étonne ? Jette donc un œil aux derniers clips de Kyan Khojandi et d’Orelsan !

L'humoriste Kyan Khojandi et le rappeur Orelsan ont sorti, à quelques jours d’intervalle, deux clips remarquables, dont la réalisation exploite avec brio le potentiel offert par des technologies récentes — motion control camera robotisée d’un côté, plateau virtuel de l’autre. Ces productions made in France démontrent une nouvelle fois que les clips, tout comme la publicité, constituent de formidables terrains de jeu pour imaginer des débouchés créatifs aux innovations technologiques. Car les pratiques qui s’y inventent nourrissent et inspirent ensuite les réalisateurs de séries et de films, mais aussi les scénaristes. En permettant la fabrication de plans esthétiquement inédits, ces technologies débrident la créativité des auteurs et font évoluer les métiers de l’image. Une réflexion au cœur des formations proposées par ARTFX et l’école de cinéma 24, qui justifie que l’on s’attarde sur ces 2 clips.

Bref. Il a tourné un sacré plan-séquence.

Kyan Khojandi imite à la perfection la diction caractéristique du rappeur originaire de Caen. C’est toutefois avec un slam intimiste qu’on redécouvre l’auteur-interprète de Bref, dans “Haagen – Dazs”, clip qui évoque une rupture amoureuse.

Pour réaliser cet étourdissant plan-séquence, le jeune et talentueux réalisateur Jérémie Levypon a utilisé l’un des tout derniers modèles de motion control camera fabriqués par la firme Cinerobotics. Ceux-ci permettent de programmer par ordinateur les mouvements du bras articulé sur lequel est montée la caméra, pour réaliser des plans impossibles avec un opérateur humain. Et qui jusque-là n’étaient réalisables qu’en caméra virtuelle, au sein d’un décor de synthèse.

 

Source : Cinerobotics

Le résultat est spectaculaire : un vrai faux un plan-séquence (il y a 5 ou 6 coupes invisibles, sans lesquelles on verrait immanquablement le robot en contrechamp) parfaitement chorégraphié, qui sert l’interprétation du texte, donne au clip des allures de performance et lui confère un rythme… qui n’a rien à envier à celui artificiellement créé par les montages stroboscopiques auxquels nous a habitués l’industrie musicale, où la longueur des plans excèdent rarement quelques secondes. Quand on connaît la puissance du plan-séquence au cinéma, depuis La Corde d’Alfred Hitchcock (1948) jusqu’à 1917 de Sam Mendes (2019), en passant par le plan d’ouverture de Snake Eyes (Brian de Palma, 1998) on ne peut que se réjouir de voir la technologie enrichir les variations créatives autour de cet exercice de style. Que les effets spéciaux, faut-il le rappeler, permettent aujourd’hui de réaliser en plusieurs fois, au grand soulagement des équipes techniques. Vous comprendrez mieux pourquoi en regardant le making-of d’un plan-séquence réalisé pour la série Kidding de Michel Gondry


Source : Instagram, compte de @max bst

Le tournage sur mur de LED. Simple. Basique. 

De son côté, Orelsan a renoué avec le réalisateur David Tomaszewski pour son dernier clip, “L’odeur de l’essence”. Un titre très politique, qui traite du climat social explosif à la veille de l’élection présidentielle.

Ainsi que le rappelle le réjouissant documentaire “Ne montre jamais ça à personne” (réalisé par Clément Cotentin, le frère du rappeur et actuellement diffusé sur Amazon Prime Video), le réalisateur spécialiste des effets spéciaux a beaucoup modelé l’image du rappeur, contribuant largement à son succès depuis la sortie du clip Raelsan truffé de VFX et de l’album éponyme en 2011. C’est donc à nouveau avec David Tomaszewski qu’Orelsan marque son retour sur le devant de la scène. Le duo frappe un grand coup, avec une superproduction qui permettra au public de découvrir la technologie du plateau virtuel et ses coulisses, puisque la réalisation joue avec ce dispositif destiné à incruster des acteurs dans un décor virtuel de manière complètement transparente. 

Quand on évoque les effets spéciaux, l’imaginaire collectif convoque immédiatement le fameux fond vert. Mais celui-ci est en voie de disparition, cédant la place au tournage sur mur de LED ; un mur géant possiblement incurvé, composé de plusieurs écrans, sur lequel apparaît directement le décor virtuel. On peut alors filmer l’acteur dans la lumière “naturelle” du décor de synthèse, laquelle se reflète sur les acteurs et accessoires présents sur le plateau. Magie : quasiment plus besoin de post-production !

Dans le clip, l’artifice est visible, et les décors projetés ne sont pas à l’échelle des personnages présents sur le plateau. Mais, à certains moments, l’illusion fonctionne et l’on constate que le décor virtuel peut s’adapter au mouvement de la caméra, en tenant compte de la parallaxe. Les plus observateurs remarqueront également les écrans situés au plafond, qui permettent de projeter au sol la lumière du décor virtuel. C’est d’ailleurs grâce à cette technologie qu’a été tournée la série The Mandalorian, visible sur Disney+ (voir le marking-of).

On vous laisse maintenant revoir les deux clips en vous concentrant sur leur réalisation. La maîtrise technique est là, mais elle ne se suffit jamais à elle-même, n’est-ce pas ? Ce qui est intéressant avec les clips de Kyan Khojandi et d’Orelsan, c’est de constater que les possibilités techniques nouvelles sont pleinement intégrées à l’écriture des séquences, et mises au service de la narration. C’est précisément ce que l’on essaye de transmettre à l’école ARTFX !

Les nouvelles technologies du cinéma vous intéressent, venez nous voir 🙂

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