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20 novembre 2020

« ARTFX est une école d’excellence, dont j’aurais aimé suivre les cursus. Mais aurait-elle apprécié de m’avoir comme élève ? » – Tom Weil, fondateur de CommentFaireUnFilm.com

Bonjour Tom ! Tu es le créateur du site commentfaireunfilm.com, qui permet d’apprendre les techniques du cinéma, de l’écriture d’un scénario jusqu’à la réalisation. Tu es toi-même un autodidacte. Quel est ton parcours ? Bonjour, et merci de m’accueillir sur le blog d’ARTFX. Je suis très heureux de cette invitation à parler de cinéma, de blog et… de moi (rire). En ce qui concerne mon parcours professionnel, soyons francs : je ne suis pas le mec sur qui on aurait parié au départ.

 

Qu’entends-tu par là ?
Faire de longues études ne m’a jamais fait rêver, et pour tout dire mes profs ne croyaient pas beaucoup en moi. L’un d’entre eux m’a dit un jour que je ne serais même pas fichu de réussir à faire la manche… Tu vois le genre ?

Quand tu as 15 ans, ça te marque. J’avais envie d’apprendre, mais le système proposé par l’Éducation nationale ne me convenait pas. Je passais plus de temps à jouer aux jeux vidéo et au cinéma que dans mes cahiers.
Très tôt, j’ai voulu travailler dans le cinéma. La réponse de mes parents fut assez classique : passe le bac d’abord !

C’est donc ce que j’ai fait, puis j’ai commencé à travailler. Mettre en rayon les marchandises dans les supermarchés au petit matin, voilà ma première expérience professionnelle. Puis je suis devenu VRP, je vendais des alarmes et des extincteurs à des particuliers. Un rôle de composition ? En tout cas, je n’étais pas mauvais, et je me suis aperçu qu’une fois que les commerciaux étaient sur le terrain, on ne les formait plus. Je suis allé voir mon patron, j’ai été plutôt insistant et il a accepté de créer un poste de formateur. Je n’avais que 19 ans, et cette initiative a permis d’augmenter le taux de ventes… Bref, tout le monde était heureux.

Un an plus tard, me voilà en train de former un mec de 40 ans. Là, j’ai eu une prise de conscience : je ne voulais pas être lui dans 20 ans. Mon rêve c’était de faire du cinéma, il fallait que je tente ma chance et c’était maintenant ! J’ai laissé le type en plan et j’ai quitté l’entreprise. Dès le lendemain, j’ai commencé à me former tout seul. Je m’intéressais à tout ce qui touchait de près ou de loin au cinéma : écriture, réalisation, production… J’ai vu un nombre incalculable de making of ! Et des tas de films, dont beaucoup de navets.

Je comprends assez vite que le réseau dans ce milieu compte beaucoup, et qu’il faut que je rencontre des professionnels pour continuer à apprendre sur le tas. La théorie, les livres et les articles, c’est une chose… mais ça reste abstrait. Je devais pratiquer. Je m’invite sur des plateaux de tournage, pour voir comment ça se passe. Parfois, je dors dans ma voiture pour être sur place plus longtemps. Petit à petit, je sympathise et je commence à tourner. Entre-temps, j’apprends, comme je peux l’écriture et les techniques de réalisation, je m’autoproduis, je réalise des courts-métrages en super 16 mm. Je me prends d’énormes claques, mais j’arrive toujours à mes fins.

J’ai repris un job de commercial le jour ; je tourne la nuit et les jours de repos. Puis je négocie avec mon employeur de ne travailler que les vendredi, samedi et dimanche pour libérer mes semaines. Les tournages prennent de plus en plus de temps et je deviens intermittent du spectacle, en tant qu’assistant mise en scène et repéreur de décors. Pendant plus de 15 ans, j’exerce ces métiers sur des séries, longs-métrages et téléfilms.

Il y a quelques années, on me propose de rejoindre Pictanovo, association de la région des Hauts-de-France qui met en œuvre de la politique d’appui à la production audiovisuelle et cinématographique. J’y suis responsable de la filière Images Numériques et Industries Créatives. Je m’occupe des entreprises du secteur et de la formation.

Comment en es-tu venu à créer le site commentfaireunfilm.com ?
En 2013, lorsque j’ai créé “Comment faire un film”, j’exerçais comme assistant-réalisateur. Régulièrement, des jeunes venaient me voir pour savoir « Comment on fait pour travailler dans le cinéma » ? Et je leur répondais : « Avec les ressources qu’on peut trouver en ligne, ça devrait être beaucoup plus simple pour vous que ça ne l’a été pour moi ! »

En fait, je me trompais : sur internet et à l’époque il n’y avait pas grand-chose, juste quelques forums tenus par des amateurs et des passionnés, mais aucun professionnel pour répondre à leurs questions ou partager leur expérience. J’ai commencé à discuter sur ces forums et je me suis vite aperçu que c’était sans fin. Chaque jour les mêmes questions, et personne ne lisait mes réponses précédentes.

De là a germé l’idée de créer un endroit qui serait comme un site bible, où je partagerais ce que j’ai appris, et pourquoi pas l’expérience d’autres professionnels. De cette façon, ceux qui voudraient apprendre ou se perfectionner pourraient le faire facilement et gratuitement. De cette idée est né « Comment faire un film ». On y trouve aujourd’hui plus de 250 articles, des vidéos, des tutoriels. Depuis la création du blog, près de 3 millions d’utilisateurs sont passés par là !

Tu es la preuve vivante qu’on peut apprendre seul les métiers du cinéma. Pour quelles raisons alors conseillerais-tu de passer par une école pour se former ?
Je ne dirais pas « seul », ce serait faux. J’ai appris mon métier grâce aux professionnels que j’ai rencontrés et qui m’ont tendu la main. Ils ont partagé leur savoir, leur savoir-faire et m’ont permis de tourner. Si j’avais pu faire une école de cinéma je l’aurais fait sans hésiter ! Ça m’aurait permis de gagner du temps sur les enseignements théoriques, j’aurais aussi pu pratiquer plus facilement tout en étant encadré. L’intérêt de faire une école, c’est de pouvoir rencontrer des professionnels, de profiter d’un retour d’expérience et d’un avis expert sur son travail. Et puis être autodidacte, c’est être tout seul ! J’aurais aimé avoir des “camarades” pour partager, s’entraider et bénéficier de cette émulation qui existe entre les élèves d’ARTFX. J’ai pu assister à la projection des films de fins d’études et je peux te dire qu’il y a une grande cohésion, une complicité et un esprit de famille que j’aurais bien voulu expérimenter à leur âge.

Une dernière chose : depuis mes débuts dans l’univers du cinéma, de nouveaux métiers sont apparus, d’autres sont devenus beaucoup plus techniques. C’est probablement encore possible d’être autodidacte, mais les métiers du cinéma en lien avec les nouvelles technologies demandent des compétences de plus en plus pointues. Honnêtement, quand je constate la qualité technique des projets de fin d’années des élèves d’ARTFX, je ne vois pas comment atteindre ce niveau en étant autodidacte…

Tu collabores avec ARTFX. En quoi consiste ta mission ?
En 2018 j’ai créé, en complément de mon blog, une plateforme de formation en ligne sur les métiers du cinéma. Au-delà de l’outil que j’ai créé, j’ai beaucoup travaillé sur comment transmettre de manière dématérialisée, comment construire et structurer des cours, comment positionner sa voix, son corps, etc. La crise sanitaire actuelle montre l’utilité de basculer l’enseignement en distanciel. Seulement voilà : on ne fait pas un cours en distanciel comme on le fait en présentiel, il y a une « transformation » à accomplir. J’accompagne les professeurs et les responsables pédagogiques dans ce sens, pour développer et outiller la pédagogie de la “classe inversée” pratiquée chez ARTFX depuis plusieurs années. Cette pédagogie repose sur un apprentissage en autonomie, complété par une mise en pratique avec des professionnels. Cette incursion chez ARTFX me permet de découvrir de nouveaux champs d’expertise, autour des effets spéciaux, du jeu vidéo… C’est très riche pour moi !

De ton point de vue, quelle est la particularité de l’école ARTFX ?
Mes lecteurs le savent : je dis toujours la vérité. Il y a un peu plus d’un an, je ne connaissais pas ARTFX… C’est pourtant l’une des 10 meilleures écoles créatives au monde. La honte ! Mais la collaboration avec ARTFX est surtout née d’une rencontre, comme souvent dans ce métier. Un copain m’a parlé de Gilbert (Kiner, NDR) le cofondateur de l’école, qui souhaitait ouvrir une école de cinéma sur Lille. Je l’ai appelé le lendemain. Quelques jours plus tard, nous nous sommes rencontrés. Nous partagions les mêmes valeurs et les mêmes envies. Nous avons parlé cinéma, créativité, savoir-être, pédagogie et innovation…Nous avons évoqué la possibilité de faire quelque chose ensemble. Ensuite j’ai rencontré petit à petit les membres de l’équipe avec qui j’ai échangé. Le courant est passé tout de suite.

Pourtant, les profs et toi, ce n’est pas le grand amour !
(Rires) Je n’en veux pas à mes anciens profs, et je ne mets pas tout le monde dans le même panier. Et puis j’étais jeune, je pense qu’avec l’expérience je ferais autrement aujourd’hui. Pour en revenir à ARTFX, c’est une école qui a été créée par des professionnels et qui est animée par des professionnels. Ils connaissent le milieu, savent comment il fonctionne et cela change tout. On parle le même langage.

C’est une école d’excellence dont j’aurais aimé suivre les cursus. Mais aurait-elle adoré m’avoir comme élève… je laisse le doute planer !

ARTFX tourne son enseignement vers la mise en pratique. C’est du learning by doing. Forcément, il y a de la théorie, on ne peut pas y échapper et heureusement. ARTFX a développé une méthode unique qui permet aux élèves de s’approprier les notions théoriques et de les mettre en pratique. Et cela se fait toujours sous l’œil bienveillant des professionnels qui les encadrent et qui partagent leur savoir-faire.

Enfin, l’enseignement allie les disciplines traditionnelles aux nouvelles technologies. C’est-à-dire que l’école est à la pointe de l’innovation et des techniques numériques, mais elle enseigne aussi aux élèves les disciplines artistiques traditionnelles (photo, sculpture, dessin…), ce qui permet aux élèves d’aller où ils veulent par la suite, mais surtout d’avoir des bases solides.

Tu collabores avec ARTFX, mais tu restes indépendant en tant que blogueur. Comment gères-tu ces deux casquettes ?
Je comprends que tu me poses la question, et en même temps ça m’énerve. Je sais que certains de mes lecteurs vont aussi se la poser et je vais répondre : « ça n’a rien à voir ». C’est un peu comme si tu disais à un mec qui vend de la farine « Alors tu livres de la farine dans les boulangeries et tu tiens un blog sur la pâtisserie, comment gères-tu les deux casquettes ? ».

Tant que ça ne te met pas dans le pétrin…
(Rires) Non : tenir un blog sur le cinéma où je partage mes connaissances et mon parcours d’autodidacte n’est pas incompatible avec le fait de travailler avec une école.

J’ai été sollicité par d’autres écoles, et pourtant je ne travaille qu’avec ARTFX. Parce que je me retrouve dans ses valeurs. C’est la même chose que lorsque j’étais sur les plateaux de tournage : j’ai refusé de bosser sur des films parce qu’humainement le réalisateur était une horreur ou que le scénario ne me plaisait pas. De plus, l’accompagnement que je fais aujourd’hui pour l’école n’a rien à voir avec « comment faire un film ».

En revanche, les rencontres que je fais grâce à l’école vont me permettre de partager encore plus de choses sur le blog ! ARTFX forme au métiers du cinéma, mais aussi des effets spéciaux, du jeu vidéo, du cinéma d’animation 2D ou 3D, et de la programmation. Autant de domaines dans lesquels je suis néophyte, et qui sont pourtant très complémentaires à ce qui existe sur le blog.

Pour résumer, je continue à étendre mes connaissances, ma curiosité, grâce à l’équipe d’ARTFX. En retour, je ne m’interdis pas non plus de parler d’ARTFX sur mon blog ou même d’interviewer des profs, des étudiants ou des alumni qui ont des choses intéressantes à partager. Toujours en gardant mon état d’esprit et l’angle qui est le mien : vulgariser les connaissances, les rendre accessibles au plus grand nombre

Je reste indépendant et transparent. Et tant mieux si je donne envie à des lecteurs de suivre un cursus chez ARTFX ou dans une autre école ; cela signifiera que j’ai atteint mon but : donner envie de découvrir ces métiers et pourquoi pas donner la possibilité à ceux qui le souhaitent de vivre leur rêve. Parce qu’au fond c’est ça le plus important !

 

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