Quantum Cowboys, un western dans tous ses états
Par Juliette Moreno
Si vous aimez sortir d’un film avec la sensation de n’avoir rien compris, vous allez adorer Quantum Cowboys. Ce western américain diffusé en avant-première au festival d’Annecy 2022, s’appuie sur des expériences de pensée physiques et philosophiques pour raconter son histoire. On y suit dans l’ouest des années 1870, Bruno et Frank, deux jeunes vagabonds en quête de rédemption qui croisent la route de Linde, une jeune femme prête à tout pour récupérer ses terres. Le chemin des trois malchanceux prend une autre tournure inattendue lorsqu’ils tombent sur une porte leur permettant de changer la réalité en passant d’une dimension alternative à Une autre. Nous les accompagnons alors dans une aventure au travers des univers parallèles.
Vous apprendrez sans surprise que le réalisateur et co-scénariste Geoff Marslett est un ancien physicien passionné de science-fiction. C’est pourquoi il arrive si bien à nous recréer l’ambiance unique et surréaliste de la physique quantique. Cependant – tout comme un électron qui se trouverait dans 2 états différents – la plus grande qualité du film est à la fois son plus grand défaut. On se perd. Tout est trop complexe. L’aventure qu’on suit et les relations entre les nombreux personnages est déjà assez difficile à suivre avant qu’on y rajoute des paramètres quantiques. Les personnages voyagent au travers de 12 dimensions différentes dont chacune est une version différente de l’histoire, généré par les différentes décisions qu’ils prennent.
Mais même si vous n’aimez pas avoir le cerveau qui fume devant un film, l’expérience vous est conseillée, au moins pour vos yeux. Le visuel du film appuie brillamment l’histoire en utilisant 12 styles graphiques différents. De la prise de vues réelle à l’animation 3D en passant par le stop motion, chaque style représente une dimension différente.
Pour vos yeux ou votre tête, vous pourrez découvrir le film en salle à partir du 13 juin.
Nayola : war through a female perspective
Par Ellison Girod
Pour le deuxième jour à Annecy, nous avons été émerveillés en regardant le film Nayola de José Miguel Ribeiro. Cette adaptation de la pièce de théâtre angolaise originale présente une magnifique narration utilisant à la fois la 2D et la 3D de manière très créative. En passant de l’une à l’autre, ils montrent les deux mondes de Nayola, prise dans le combat de la guerre de 1995, et de Yara, sa fille, parmi une autre guerre en 2011. Yara est accompagnée de sa grand-mère Lelena, mère de Nayola. L’histoire est racontée entièrement d’un point de vue féminin, présentant ce qu’ont été les expériences réelles de nombreuses femmes angolaises. En passant d’un point de vue à l’autre de chaque génération, nous sommes en mesure de voir les parallèles et les chevauchements dans leurs expériences. En fin de compte, nous finissons par comprendre toute l’histoire, ce qui nous donne une fois de plus l’occasion de voir la narration visuelle en 2D et 3D, avec une fin qui crée un véritable impact. Nous comprenons vraiment l’impact durable de la guerre, et les masques que nous portons tous pour nous cacher, ou parfois pour montrer notre vraie personnalité.
Le réalisateur portugais, José Miguel Ribeiro, accompagné de deux des producteurs, Camille Raulo et Jean-François Bigot, a présenté ce film en tant que représentant de l’équipe complète. Enfin, nous avons pu entendre l’actrice principale Elisângela Kadina Rita, la voix de Nayola. Elle nous a parlé de son expérience dans l’art de la parole, de la façon dont elle se sentait liée au film, et de sa fierté de partager ces histoires qui sont pertinentes pour tant de personnes qu’elle connaît. Nous avons également appris les cinq années de recherche consacrées à ce projet, la rencontre avec les acteurs en Angola et l’émotion qui a motivé la production.
C’était vraiment une expérience à regarder. Du style d’animation fort à la musique intégrée à l’environnement et à l’histoire, en passant par l’exposition à une culture si riche, j’ai hâte de voir d’autres films de ce genre au fil du festival.